Je m’ennuie à cent sous de l’heure !

Le 26 Novembre 1916

Mon chéri,

Je viens de recevoir ta mignonne lettre du 25. Et je suis désolée d’apprendre qu’il n’y a pas de permission en vue. Je vais être obligée de garder la permission de huit jours sur le coeur. Je t’assure qu’elle sera dure à digérer et qu’elle ne passera pas facilement malgré que tu ne vois pas très bien l’effort que ça produira !

L’autre jour, je ne me suis pas amusée comme je l’aurais pensé chez Loulou. Premièrement, le frère de Georgette n’était pas là, pour la bonne raison qu’il n’est pas encore arrivé en permission (Loulou en était enchantée).

2e Georgette s’étant trouvé malade, nous n’avions guère envie de rire. Loulou a été obligée de la reconduire chez elle. Suzanne n’était pas là. Aussi tout marchait mal. Loulou était complètement perdue !

Aujourd’hui Dimanche, je m’ennuie à cent sous de l’heure ! J’ai pas de nouvelles de Marie-Louise depuis longtemps, et je ne l’ai pas vu depuis encore plus longtemps. La dernière fois que je l’ai vue, c’était le dimanche avant que tu viennes, ça fait donc trois semaines. Aussi moi je suis un peu comme Loulou. Sans Marie-Louise, je suis perdue. En plus de ça, il n’y a pas un jour que j’exècre comme le Dimanche, surtout lorsque je suis toute seule. J’ai envie d’aller jusqu’à chez elle, tant pis si je me casse le nez !

Aujourd’hui, tu dois être libre, et pouvoir te distraire un peu dans Chateauroux. Ou alors tu es comme moi à t’ennuyer à dix francs l’heure. Ça a augmenté depuis tout à l’heure !

En espérant que ma lettre te trouvera en bonne santé, je termine mon petit chéri en t’envoyant mes plus tendres baisers. Celle qui pense à toi sans cesse,

Germaine

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