Bonne à rien en mécanique

Le 21 Novembre 1915

Petit chéri,

Aujourd’hui, je suis complètement rassurée, comme je le pensais, tes lettres ont eu du retard. Ce matin, j’ai reçu celle du 19 et tout à l’heure au courrier de 1h½ celle du 20. C’est si rare lorsque je reste 2 jours sans nouvelles que je m’inquiète tout de suite. Enfin maintenant je suis complètement rassurée. D’ailleurs je l’étais déjà hier soir, tes parents avaient de tes nouvelles du matin.

L’idée de devenir mécano ne me déplait pas de tout, au contraire, je le ferais avec grand plaisir, puisque je serais près de toi, mais je craindrais fort d’être bonne à rien car dans la mécanique, je n’y connais rien du tout. J’astiquerais bien un coucou et encore, j’aurais peur de le démolir.

Malgré tout, je crois que je m’en tirerais mieux que “Charlot”. C’est une idée, il parait qu’en continuant, on mobilisera les femmes dans les usines. Moi je m’engage comme mécano, mais à condition d’avoir comme pilote mon petit Loulou, sans ça, je ne marche pas. Autant faire que de choisir, je préfèrerais être observateur, je trouve que ça serait plus intéressant.

travail-femmes

Quel sale temps ! Il fait un brouillard ! Je ne vois pas clair pour écrire. Et c’est comme ça depuis ce matin. C’est gai !

Je pense, tu dis que tu dois partir à la fin du mois, mais que ce ne sont que des bruits. Je l’espère car vraiment, tu ne serais pas resté longtemps là-bas. Au moins, j’espère que je te verrai avant que tu partes au Plessis-Belleville ?

J’espère que tu es toujours en bonne santé et avoir de tes nouvelles demain.

En attendant, reçois mon mignon Lou les baisers les plus doux de celle qui t’adore,

Germaine

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