Paris, Le 9 Octobre 1915

Petit Loulou chéri,

J’espère que tu es toujours en bonne santé, et que ces maudits boches vous laissent un peu tranquilles.

Ce matin sur le communiqué, on parlait de nouveaux progrès en Champagne. Je pensais que ce léger progrès avait dû faire souffrir mon pauvre petit Loulou.

Pauvre chéri, tu as toujours les plus mauvais coins. Décidément, tu n’es pas favorisé par la chance. Il faut espérer que cela ne durera pas toujours. Si seulement la guerre finissait bientôt, tu aurais un bon petit coin qui t’attend et ce petit coin, c’est près de moi. Il ne te déplait pas celui-là ? Au lieu de mitraille et d’obus, tu trouverais un petit coeur qui t’aime beaucoup et de nombreux baisers pour te le prouver.

Reçois-tu de mes nouvelles à présent ? J’attends des tiennes pour ce soir ou demain matin.

En attendant ce grand plaisir, reçois mon petit Loulou chéri mille doux baisers de ta petite fiancée qui pense sans cesse à toi,

Germaine