Tristes fêtes de Pâques

Paris, Le 6 Avril 1915

Mon Loulou chéri,

Quelles tristes fêtes de Pâques j’ai passés. Je suis restée à la maison ne sachant que faire de moi. Il a fait un temps affreux, de la pluie pendant deux jours. Si seulement Madeleine était restée à Paris, j’aurai été avec elle. Au moins j’aurais été sûre de ne pas m’ennuyer comme je l’ai fait.

Je n’ai pas reçu de lettre de toi, ce qui m’a le plus fait de peine. Voici le cinquième jours, aujourd’hui que je suis sans nouvelle. Je commence à m’ennuyer, heureusement que j’ai ta mignonne photo qui chaque fois que je la regarde a l’air de me dire : Courage, je vais bientôt revenir près de toi.

J’espère malgré tout que tu es toujours en bonne santé. Tu es peut-être reparti sur le front. Ces déplacements, comme j’ai pu déjà le juger me privent de nouvelles, pendant plusieurs jours. J’espère que c’est ce motif qui t’empêche d’écrire, d’ailleurs, il ne peut en être autrement, puisque je sais que tu fais l’impossible pour me contenter.

As-tu passé de bonnes journées pour Pâques ? J’ose espérer que oui. Raconte-moi ça dans une de tes lettres, surtout écris-moi longuement. Je suis si heureuse lorsque j’ai une longue lettre de toi. Le temps me semble moins long.

Je vais mieux que ces temps derniers, j’ai eu comme une forte grippe.

J’espère que demain j’aurai une gentille lettre de toi qui me rassurera complètement. En attendant ce bonheur, je t’envoie mon chéri mille de mes plus doux baisers.

Celle qui t’adore,

Germaine

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