Nous serons comme deux fous

Paris, Le 18 Février 1915

Mon cher petit Loulou,

Dans ma lettre d’hier, je prétends ne pas avoir eu de lettre. C’est à tort car dans la soirée, j’ai reçu une charmante lettre. Ce matin, encore un gentil mot de toi.

Tu vois, je ne suis pas à plaindre, mais à envier. Tes lettres sont si gentilles (elles ressemblent beaucoup à celui qui les écrit) que je passe des heures à les lire. Ce matin lorsque l’on m’a apporté ta lettre, il était 8h moins le quart, à 9 heures j’étais encore en train de la lire. Il faut te dire que pendant tout ce temps, j’étais au pays des rêves. Le sujet de ma rêverie était dû à cette question que tu te poses : Que sera mon bonheur quand je pourrai te serrer dans mes bras ? et moi d’ajouter : Quel sera le mien ? être dans tes bras, quel bonheur !!!

fous

Je crois que le premier jour où nous nous reverrons, nous serons comme deux fous tellement nous serons heureux. Je donnerais bien la moitié de ma vie pour que tu reviennes bientôt ! Mais je n’ai pas le droit de disposer de ma vie, puisqu’elle est à toi toute entière.

J’espère que ta santé est toujours bonne et que tu continues à faire de bonnes parties avec le receveur des postes.

Je vais terminer ma courte lettre à mon grand regret car je dois aller voir Madeleine chez Madame Sut. J’espère la trouver en parfaite santé et un peu moins sous l’empire du cafard. Tu peux être certain que l’on va causer de toi toute l’après-midi.

En attendant une bonne lettre de toi, je t’envoie mon chéri tous mes plus doux baisers.

Celle qui t’adore,

Germaine

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