Gros bouquet de muguet

Le 26 Mai 1919,

Mon petit chéri,

Je reçois à l’instant ta mignonne lettre du 22. Pauvre Loul qui n’a plus de montre ! C’est de ma faute. C’est moi qui t’ai donné ce bracelet et ne n’était que de la camelote. J’aurais dû en prendre un plus cher ! Est-elle réparable au moins ta montre ? Lorsque tu viendras, si elle ne marche pas, je la donnerai à Renée pour que son père l’arrange.

Hier, nous avons été nous promener en auto jusqu’à Rambouillet. Nous voulions aller voir les cousins Lagrange et nous ne les avons pas trouvés.

Nous sommes passés par Chevreuse, là nous avons pris la route de Limours. Je n’avais jamais été par là. C’est très joli et la route est excellente. A Rochefort, à quelques kilomètres de Rambouillet, nous sommes passés dans un bois rempli de muguet. Il y en avait partout ! Sur le bord de la route, c’en était tout blanc, tu penses si nous sommes vite descendus et si nous en avons cueilli de gros bouquets. Ils embaument ! J’en ai mis dans 3 vases dans ma chambre. Ça sent délicieusement bon. Je n’en ai jamais tant vu ! J’en ai conservé quelques brins pour mon petit Loul chéri. Tu les trouveras dans ma lettre couverts de bien doux baisers.

muguet

La promenade d’hier m’a fait beaucoup de bien. Je ne me sens presque plus malade. J’ai commencé mon régime hier, je crois qu’au bout de quelques jours, il n’y paraîtra plus.

Pierre est parti ce matin. Sa permission est terminée. Il ne pense pas revenir avant une dizaine de jours. Il doit je crois t’écrire pour te charger de lui acheter une paire de souliers comme les tiens. Il veut aussi savoir si tu trouves les tiens bons.

Sur ce, petit Loul, je te quitte pour aller chez le dentiste.

En espérant que tu te portes toujours bien, je t’envoie mon chéri aimé mes plus doux baisers et mes plus douces caresses.

Ta petite gosse qui t’aime bien fort,

Mino

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