Une déveine considérable !

Le 13 Janvier 1919

Mon petit Loul Aimé,

J’espère que tu as fait un bon voyage et que tu es bien rentré à ton escadrille. As-tu dormi un peu dans le train ? Avais-tu une assez bonne place ? Je pense que tu as dû retrouver ton escadrille au même endroit. Ici, il refait un temps affreux. Depuis que je suis levée, il n’a pas arrêté de pleuvoir et le temps a l’air bien pris pour tout la journée. J’ai passé une très bonne nuit. Je n’ai pas entendu la voiture rentrer tellement je dormais.

Je me suis réveillée à 8h et je me suis levée aussitôt. Cela va t’étonner, n’est-ce pas mon petit chéri ? Aussi ce matin, je suis très en avance. Je t’écris, il est 10h½. Ma chambre est faite, ma toilette est terminée et je suis habillée.

Hier soir, nous avons fait une petite partie, Papa, Maman et moi. J’ai eu une déveine considérable ! C’est moi qui ai fait les frais de la partie. J’ai perdu 1f55. J’avais tout d’abord perdu mes 2f50 plus 50centimes que j’avais emprunté et après, je me suis un peu rattrapée, mais de pas beaucoup. J’espère prendre ma revanche ce soir.

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J’ai reçu ce matin ta mignonne lettre du 8, ainsi qu’une lettre de Mme Pannetier. Elle me remercie pour sa petite et me dit que son mari  vient de repartir en voyage.

Je t’écris avec mon stylo, aussi je suis toute fière de moi. J’en suis très contente. Il écrit très bien. Tu ne peux t’imaginer mon petit chéri comme tu m’as fait plaisir en me faisant ce cadeau. J’en avais envie depuis longtemps. Je t’en remercie encore mille fois par de très doux baisers.

Maman va toujours tout doucement. Elle a mieux dormi cette nuit.

En espérant que ma lettre te parviendra aussi vite qu’auparavant et qu’elle te trouvera en bonne santé, je te quitte mon chéri adoré en t’envoyant une foule de bien doux baisers et de bien tendres caresses.

Ta petite gosse qui t’aime de tout son coeur,

Mino

PS : Pierre compte partir Lundi matin 20.

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