Endormie avec l’électricité

Le 3 Janvier 1919

Mon petit Loul chéri,

Je suis une vilaine ! Je ne t’ai pas écrit hier. C’est très laid ! J’espère que tu me pardonneras lorsque tu sauras que je n’ai pas eu une minute pour le faire.

J’ai été à la maison déjeuner et comme je suis arrivée assez tard, selon ma noble habitude, je n’ai pas eu le temps avant. Après, mon père étant là, nous avons causé. Ensuite, j’ai été chez Potin faire la queue, et de là, je suis revenue à la maison. Enfin, je sais que tu ne m’en voudras pas du tout.

potin

J’espère que tu as fait un bon voyage sans trop de retard et qu’une bonne nuit t’aura remis de toutes tes fatigues.

Moi, je me suis couchée hier au soir à 8h½. J’avais tellement envie de dormir que je me suis endormie avec l’électricité, heureusement je me suis réveillée à 10h½ et j’ai pu l’éteindre. J’étais toute étonnée d’avoir déjà fait un somme, mais je n’ai pas pleuré, j’ai vite éteint et je me suis rendormie pour me réveiller ce matin à 9h¼ ! Ça peut compter !

J’espère que tu en auras fait autant de ton côté et qu’on ne se sera pas trop aperçu de ta fugue.

Ce matin, j’ai été chez Mme Bouchet qui m’avait écrit de venir, qu’elle avait plusieurs robes à me montrer. J’ai rencontré Marie-Louise qui m’a présenté l’enseigne. Elle s’en va avec lui passer sa permission à Brest. Elle est ravie ! Je suis partie après avoir essayé plusieurs robes, sans me décider à en acheter aucune ! J’aime mieux garder mon argent pour aller à Nice à ta prochaine permission.

Je te quitte petit chéri, pour aller chez Mme Schwab, Maman m’attend pour partir.

En espérant que tu es en bonne santé et moins fatigué, je t’envoie mon tout petiot que j’aime tant, les plus tendres baisers et les plus folles caresses de ta petite gosse qui t’adore éperdument,

Mino

Creative Commons License