Il a toujours quelque chose qui va de travers !

Le 22 Octobre 1918

Mon tout petiot Aimé,

Hier soir pas de lettre, ce matin non plus. La poste s’amuse à me jouer de nouveau des tours. J’espère que ce soir, je serai plus favorisée et qu’à mon retour, je trouverai une mignonne lettre de mon Loul chéri. Je suis à la maison, où je viens de faire le ménage. Ça en avait besoin. Mon père que je viens de voir à déjeuner est toujours très aimable. La nouvelle vie à l’air de lui plaire tout à fait. Il se porte très bien. Ma vue 3 fois par semaine lui suffit. C’est à croire que je le gênais auparavant.Enfin, puisqu’il se trouve heureux ainsi et que moi aussi, tout est pour le mieux.

En venant ici ce matin, j’ai vu un cheval pie ! Quelle bonne nouvelle va-t-il nous annoncer ? Est-ce mon voyage pour bientôt près de mon Loul ? Je voudrais bien !

Hier tantôt, nous avons vu Jeanne Derancourt et sa mère. Elles nous ont annoncé que Robert avait été évacué par suite de grippe. Il a toujours quelque chose qui va de travers ! Elles nous ont dit qu’il allait avoir de la convalescence. Pour une grippe, ce n’est pas ordinaire ! Elles m’ont priée de bien te souhaiter le bonjour, ainsi que Mme Schwab et Loulou.

Ta tante Marie et Gabrielle m’ont recommandé de ne pas les oublier auprès de toi. Cette pauvre Gaby voit son congé encore une fois refusé. Elle voulait aller à Epinal pour la Toussaint, mais ses collègues étant malades, elle doit rester là.

J’espère que ta santé est toujours bonne.

En attendant de tes nouvelles, je te quitte mon Coco chéri en t’envoyant les baisers les plus câlins de ta petite gosse qui t’adore,

Mino

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