Marie-Louise accusée d’espionnage

Le 3 Octobre 1918

Mon mien chéri,

A ma grande joie, j’ai enfin reçu de tes nouvelles ce matin. Je commençais à me désoler tout à fait. Pense, mon chéri, hier de toute ma journée je n’avais encore rien reçu. Cela faisait deux grands jours entier sans le moindre mot de toi. Cela commençait à être terriblement long. J’étais d’un triste. Encore plus triste lorsque je me mettais au lit. Hier soir, j’ai eu beaucoup de mal à m’endormir. J’avais la vilaine bête noire qui me travaillait.

Enfin, maintenant c’est oublié, puisque j’ai eu deux mignonnes lettres ce matin. Celles du 29 et 30. Je vois que mon Coco chéri a beaucoup de mal aussi de son côté à s’habituer à vivre seul. Moi, je sais que je ne peux pas m’y faire. Je ne me sens vivre que près de toi où je suis si heureuse. Si tu savais mon Coco joli comme je me sens bien tout près de toi, quand tu me serres bien dans tes bras. Je voudrais y rester toujours. J’y suis si bien là !!!

Mon chéri, ma lettre a été interrompue chez toi. Je voulais téléphoner à mon père ce matin pour savoir s’il n’avait besoin de rien et le téléphone était occupé. Aussi, lorsqu’on m’a appelé, j’étais en train de t’écrire. Comme mon père m’a demandé de bien vouloir venir déjeuner, je n’ai pu continuer ma lettre car il était 11 heures. J’ai plié bagages et j’ai emporté ma lettre à finir à la maison. Je viens de déjeuner, cela s’est très bien passé. Et je continue ma lettre. Mon père est toujours enrhumé. Il a été très aimable et ne m’a pas demandé de revenir à la maison. Ce soir, il dîne en ville avec M. Louvel et un autre Monsieur. Comme tu vois, il ne s’ennuie pas. Je reviens déjeuner Samedi. Nous irons l’après-midi à la commission arbitrale. Non, je me trompe ! Chez le propriétaire.

Hier, j’ai vu Marie-Louise qui est toujours aussi rayonnante. Elle a une mine superbe, malgré bien des ennuis qu’elle vient de traverser. Il lui est arrivé une histoire fantastique qui aurait pu lui coûter cher. Elle a été accusée d’espionnage ! Tu vois d’ici Marie-Louise espionne ?

Elle a été arrêtée et a subi un interrogatoire de 2h. Toutes ses correspondances ont été ouvertes entre autre le mot qu’elle m’écrivait au sujet du pichinet !!!… Il parait que cela a bien amusé les policiers ! Tout cela vient d’un petit mot qu’elle avait écrit à l’entête d’un journal. Sur ce petit mot, elle parlait de l’enseigne (je ne me rappelle plus très bien en quels termes). Voilà qu’elle a perdu ce journal. Et qu’il a été trouvé par un officier de marine. Cela a fait du vilain. Elle avait écrit ce mot pour s’amuser. Total, on l’a pris au sérieux et on l’a accusé d’être la cause de la perte du navire commandé par l’enseigne.

coulé

On la prenait pour une espionne. Enfin, au bout de 8 jours, on s’est aperçu qu’elle était innocente et on l’a laissé tranquille. L’enseigne a reçu l’ordre de son commandant de rompre avec elle et de cesser toutes relations. Il a de très mauvaises notes maintenant. C’est charmant.

Marie-Louise est fâchée avec Espierre. Elle va probablement se marier avec l’enseigne. Quel numéro ! Elle n’a pas changé. Il l’a suppliée de se marier tout de suite. Elle préfère attendre la fin de la guerre.

Enfin, ces histoires m’ont bien distraite, moi qui avait le cafard. Ça m’a un peu changé les idées.

Je vais te quitter petit chéri, car je n’ai que juste de papier.

En espérant que tu es en bonne santé, je t’envoie mon amour de Loul des millions de bien douces caresses de ta petite gosse qui est si heureuse de t’aimer.

Mino

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