L’Histoire de Germaine et Lucien en quelques lettres

Tout commence en Juillet 1914. Germaine Bertin, 16 ans, passe ses vacances à Cayeux sur mer avec son père.

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Lucien Sevette, lui, a 21 ans et fait son service militaire à Abbeville.

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Lucien, 2e en partant de la droite

Un soir d’été, ils se rencontrent sur la plage de Cayeux-sur-Mer et c’est le coup de foudre.

De retour à sa caserne, Lucien écrit une première à Germaine. Elle lui répond le 8 Juillet 1914.

→ “Je te remercie beaucoup de ta bonne lettre”

Trois semaines après le coup de foudre, c’est le coup de tonnerre, la guerre est déclarée. Lucien part pour le front. Germaine lui écrit régulièrement, mais la correspondance ne fonctionne pas encore très bien.

Début Septembre, c’est la fin des vacances à Cayeux/Mer, Germaine rentre à Paris.

→ “Je me sens plus en sécurité à Paris”

Germaine reste tout le mois de Septembre 1914 sans nouvelles.

→ “Mon cher Lucien, si tu savais combien je pense à toi ! Il doit être bien triste aussi pour toi de ne pas recevoir de nouvelles, pour tant je t’écris très souvent, sachant le plaisir qu’une petite lettre peut t’apporter, mais je suis sure qu’il n’y en a pas la moitié qui te parviennent. Je ne me décourage pas et j’écris toujours dans l’espoir que sur la quantité il y en aura bien une qui arrivera.”

Par la suite, la correspondance fonctionnera très bien et permettra aux amoureux d’échanger quotidiennement. Sur le front, Lucien est affecté au poste de téléphoniste. Il est chargé d’installer des lignes téléphoniques dans les tranchées.

lucien-telephone

Pour améliorer son sort, Germaine lui envoie des colis : un cache-col, un passe-montagne et des cigarettes.

→ “Tu trouveras une cigarette commencée par moi si bien que lorsque tu la finiras, ce sera comme un long baiser que tu recevras de mes lèvres.”

Début Janvier 1918, Lucien fait sa demande de fiançailles.

→ “Ta lettre, quoique étant prévue, m’a fort impressionnée, j’ai pleuré de joie en lisant tes belles lignes qui s’accordent si bien avec mon coeur.”

Bien que fiancée, Germaine ne connait pas encore la famille de Lucien. Ce dernier craint qu’en cas de malheur, Germaine ne soit pas prévenue. Germaine, après avoir éludé la question plusieurs fois lui répond.

→ “Je t’en supplie, ne me fais pas penser à cela ; mais comme tu veux que je t’en cause, je vais te donner mes idées. Tu pourrais avoir sur toi une lettre à mon adresse dans laquelle tu me ferais tes adieux, cette lettre me parvenant m’apprendrait ta disparition. Tu pourrais demander ce service à ton camarade Sereulles.”

Serreulles est un bon ami de Lucien. Malheureusement, il ne survivra pas à la première année de la guerre.

→ “Je viens de recevoir ce soir à 8h1/2 ta lettre du 5 m’annonçant la mort de ce pauvre Serreulles (…) Pauvre garçon ! Dire que dernièrement dans une de mes lettres, je te parlais de lui et je le plaisantais au sujet de son chapeau. A présent, nous ne lui ferons plus de niche.

Germaine ne se rend pas bien compte de ce que vit Lucien. Lorsque ce dernier est à Verdun, elle lui conseille un confiseur et un lieu de baignade.

→ “Tu me dis dans ta lettre que tu es à Verdun. Dire qu’il y a trois ans, mon père m’y a emmené. (…) J’ai gardé un très bon souvenir de cette ville, surtout d’un certain confiseur au nom de Braquier chez lequel j’ai mangé grand nombre de dragées.”

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Juillet 1915, Germaine part en vacances à St Quay-Portrieux. Ses longues promenades à vélo lui ouvrent l’appétit.

→ “Je me suis achetée des gâteaux. De là j’ai été voir une dame qui faisait cuire des crevettes. Je me suis mise à en manger avec une tartine de beurre. J’en ai mangé deux assiettées. Ensuite je suis rentrée à l’hôtel et grimpé sur une chaise j’ai dévalisé un cerisier. De là je me suis mise à table et j’ai dîné. Vois-ce mélange !”

Le froid hiver 1915-1916 est l’occasion pour Germaine de faire des batailles de boules de neige avec sa voisine.

→ “Je suis folle des massacres aux boules de neige.”

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Au printemps 1916, Lucien a la chance de rentrer dans l’aviation, comme élève-pilote, à Dijon. Le temps de sa formation, il échappera au front.

→ “Je me sens renaître en pensant que tu es maintenant loin de tout danger.”

Dans ses lettres Germaine parle souvent de ses proches : sa petite voisine Paulette, qu’elle garde de temps en temps, sa meilleure amie, Marie-Louise, danseuse à l’Opéra de Paris, des réfugiées nordistes  qui s’installent dans son immeuble et deviennent des amies…

Le 15 Mars 1918, Germaine relate en direct la grande explosion de la Courneuve.

→ “Mon petit chéri. Quelle émotion je viens d’avoir, j’ai bien cru que ma dernière heure était venue.”

La vie à Paris est de plus en plus difficile en raison des nombreux bombardements. Germaine rechigne à descendre à la cave à chaque alerte.

→ “Zut pour les boches, moi, je me couche, j’ai justement très sommeil.”

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En juin 1918, Lucien demande Germaine en mariage.

→ “Oh ! mon Loul chéri, c’est trop beau ! J’ai peur que ça ne réussisse pas.”

Les parents de Lucien acceptent… mais le mariage aura lieu après leurs vacances au Mesle-sur-Sarthe, en septembre 1918.

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La guerre n’est pas terminée, Germaine continue d’écrire à son amoureux. Entre juillet 1914 et octobre 1918, elle a écrit plus de 900 lettres, et en a reçu presque autant.

Les lettres de Germaine sont toutes disponibles via le calendrier. Une seule lettre de Lucien est parvenue jusqu’à nous. Elle date du tout début de la guerre.