Le 22 Juillet 1918

Petit Loul chéri,

J’ai reçu ce matin ta mignonne lettre du 19 et j’attends avec impatience le courrier de ce soir pour savoir ce que mon père pensera de ta lettre ! Il va certainement être surpris et ça sera tout un évènement pour lui. Quoique ça, je ne pense pas qu’il fasse des difficultés. Hier encore, il disait à M. Louvel  qu’il voudrait bien me voir mariée.

Après son consentement, nous n’aurons plus qu’à attendre le retour de tes parents pour commencer les démarches.

Loulou est déjà en train de combiner la robe qu’elle fera faire pour le jour de notre mariage. Elle m’a montré une gravure, pour me demander si la façon me plairait et si elle serait assez chic. C’est très amusant. Le plus drôle, c’est qu’elle est plus avancée que moi. Je ne m’en occuperai qu’à mon retour du Mesle.

Madame Schwab m’a prise au stéréo, l’autre jour, au Jardin des Plantes. Il y en a une qui est très bien. J’ai l’air d’une toute petite gosse. Elle m’a promis que le jour de notre mariage, elle nous prendrait plusieurs fois. Je suis bien contente. Ça nous fera un bon souvenir à garder.

Elle a pris Charlotte, le jour de son mariage. Ça n’a pas donné grand-chose. La sortie de l’église se trouvait en plein soleil. Ça fait qu’ils sont tout noir, tous les deux. Et puis Charlotte n’a pas eu de patience. Elle avait dit qu’elle en voulait plusieurs et au bout de deux, elle en avait assez et n’a pas voulu que Madame Schwab continue. Moi je trouve ça très amusant le stéréo. On obtient des choses très bien.

Je vois que mon pauvre Loul donne toujours beaucoup. Aussi, je suis très inquiète. Surtout, repose-toi bien lorsque tu le peux.

En effet, la petite scène avec ton père était très drôle. Moi, elle m’a plu beaucoup, puisqu’il s’agissait de notre bonheur à tous deux.

J’ai reçu ce matin une lettre de Suzanne, me donnant beaucoup de détails sur son voyage et son arrivée là-bas. Il paraît que Mme Lemonnier les attendait en voiture. Aussi, elle cherchait partout l’auto. Elle ne pouvait pas en revenir que Monsieur Sevette soit venu par le chemin de fer. Madame Sevette pédale paraît-il comme une jeune fille. Elle est enragée de sa bécane. Le soir de leur arrivée, ils ont été après dîner en vélo à la ferme. Ce courage ! Ils ont trouvé tout le monde en bonne santé. Bergère et Rustique les ont accueillis par des gambades. Il y a beaucoup de monde là-bas, paraît-il.

En espérant que tu te portes toujours bien et que tu es moins fatigué, je te quitte mon tout petiot en t’envoyant les plus douces cerises de ton bébé qui pense bien à toi,

Mino