5h10 en vol

Le 21 Juillet 1918

Mon tout petiot Aimé,

J’ai reçu hier soir ta gentille lettre du 18. Pauvre Loul ! Comme tu dois être fatigué à voler si longtemps que ça. 5H10 pour une seule journée, c’est vraiment beaucoup, surtout si haut. Comme je voudrais que le calme revienne un peu, pour que tu puisses te reposer. Si ça continue, je ne reconnaitrai plus mon Loul lorsque je le verrai. Avec tant de surmenage, tu vas beaucoup maigrir. Je vois encore sur journal de ce matin que le bombardement a beaucoup donné le 19 et le 20. Ça fait que tu n’as certainement pas dû te reposer comme tu l’espérais.

petit journal 21-07-18

Ce que Pierre doit se faire des cheveux lorsqu’il te sait 3h parti. Moi je sais, qu’à sa place, je ne vivrais plus.

Dans une de tes prochaines lettres, donne-moi quelques détails sur un bombardement. Cela m’intéressera beaucoup. Dis-moi en quoi consiste ton travail ? Combien vous êtes dans ton coucou ? Qui est-ce qui lance les bombes ?

Ton camarade Travet a dû trouver la chic place. Voilà plus d’un mois que je le vois presque tous les soirs. Hier soir, j’ai aperçu son bonnet de cuir qui séchait à sa fenêtre.

A midi, nous avons M. Louvel à déjeuner. Si seulement il pouvait me porter bonheur, comme un certain jour que tu es venu nous surprendre au déjeuner. Je ne le pense pas, pourtant, ce matin, j’ai vu un cheval pie. Mais comme nous sommes brouillés ensemble, ils ne m’annoncent plus de bonnes nouvelles.

En espérant que tu es moins fatigué et en très bonne santé, je te quitte mon Loul chéri en t’envoyant une corbeille de grosses cerises de ta petite gosse qui t’aime bien bien fort,

Mino

PS : Dis-moi, mon Loul, m’as-tu écrit le 14 Juillet ? Il me manque la lettre à cette date. Peut-être s’est-elle égarée ?

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