33 jours sans mon Loul

Le 19 Juin 1918

Mon petit Loul Aimé,

J’ai reçu ce matin ta mignonne lettre du 17. Je vois avec joie que tu as enfin reçu des nouvelles. Neuf lettres d’un coup, c’était un vrai journal. Mais dis-moi, petit Loul, cela ne fait pas le compte. Il en manque quelques unes puisque je t’écris tous les jours. Enfin, cela n’a pas d’importance. Le principal est que tu aies eu des nouvelles. J’espère que maintenant, tu vas les recevoir bien régulièrement.

Ton nouveau vaguemestre doit être effrayé si pour le premier jour du courrier, il t’a apporté 12 lettres, il va peut-être croire qu’il en sera ainsi tous les jours.

Es-tu toujours dans ta petite chambre grande comme un petit mouchoir de poche ? Y fait-on toujours la queue ? Y fais-tu de beaux rêves, dis mon Loul ? Comme je voudrais être dans un petit coin !!! Tu sais mon Loul, cela fait 33 jours que nous nous sommes vus. Cela commence à être bien long. Hier, j’ai vu un cheval pie. Est-ce des fois que mon Loul viendrait chercher son appareil ? Je voudrais bien. Vraiment, 33 jours sans mon Loul, c’est trop long ! Tu ne trouves pas, mon gosse de gosse chéri ???…

La petite corvée d’hier s’est bien passée. Parties à 2h, nous sommes rentrées à 6h. Nous avons fait à peu près 2h de queue. Tu vois d’ici le plaisir ! Je crois que ça serait pour moi, je n’irais pas, tant ça m’assomme d’attendre ainsi ! Vraiment, les gens qui s’en vont ont de la patience !

Tu as dû savoir pourquoi je ne te parlais plus du Mesle ! Toujours pas de réponse de Madame Fleuriel. C’est plutôt drôle.

A part ça, rien de neuf.

En espérant que tu es toujours en bonne santé, je t’envoie mon tout petiot Aimé les plus douces tendresses et les plus câlins baisers de ta petite gosse qui est folle de toi,

Mino

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