Le 13 Mars 1918
Petit Loul Aimé,
Hier soir, nous avons pu dormir tranquille. Il n’y a pas eu d’alerte. Pour ma part, j’ai dormi comme un plomb. Je me suis couchée à 21h30 et levée à 8h ce matin. C’est une assez bonne moyenne. Hier tantôt, l’alerte dont je te parlais n’a pas eu de suite. Il parait qu’ils ont repoussé chemin à Compiègne, aussi c’était par sécurité que l’on a renvoyé les enfants des écoles.
Mon père est un peu moins affolé ce matin, mais hier soir, il l’était encore bien.
Il s’est occupé de nous faire assurer contre les gothas. Pour le mobilier et pour lui en cas de mort. Il s’est assuré en notre faveur : 10.000f pour toi et 10.000f pour moi. Ça fait que s’il nous arrivait quelque chose à tous deux, c’est toi qui bénéficierais de l’assurance. Je crois qu’il a pensé un peu loin et j’espère bien qu’il ne nous arrivera rien.
J’attends de tes nouvelles pour demain matin, j’espère que tu auras fait un bon voyage et que tu n’auras pas rencontré les gothas à ton retour.
En attendant impatiemment une mignonne lettre, je te quitte mon Loul Aimé pour descendre bien vite travailler. Reçois de ton gros bébé de bien douces cerises,
Mino
PS : J’ai trouvé une philippine à déjeuner, aussi je l’envoie à mon Loul. Je tâcherai de ne pas l’oublier