Une petite jeune fille avec un soldat

Le 19 Février 1918

Petit Loul adoré,

J’ai reçu hier soir ta mignonne lettre du 16. En effet, le lieu de rendez-vous avec Marie-Louise n’a rien de propice. Je me rappelle très bien la fois qu’elle nous a fait poireauté ½ heure. L’autre jour, j’y pensais justement et je me disais que cette fois-là, j’avais le bonheur d’être avec toi, aussi je me moquais pas mal de l’heure à laquelle elle arrivait.

Maintenant, c’est bien fini ! Je ne marche plus. Elle est prévenue que je ne veux plus de rendez-vous dehors. Lorsqu’elle voudra me voir, je l’attendrai à la maison.

Hier, j’ai été chez toi. Il y avait beaucoup de monde. Suzanne m’a appris que tu avais envoyé ta montre à arranger. Elle était sans doute jalouse de la mienne. Elle ne marche plus non plus. Je l’ai portée à mon bijoutier, qui n’a pas voulu s’en charger. Soi-disant qu’il faut que je la porte à réparer où elle a été achetée, car elle doit être garantie. Lorsque j’irai aux Galeries, je la donnerai.

Ce matin, j’ai eu un peu le cafard. En face de chez nous, il y avait un mariage. Une petite jeune fille avec un soldat. Comme de bien entendu, j’ai guetté derrière ma fenêtre le départ. Et forcément, j’ai eu un peu gros au coeur !

macgill mariage

Tantôt, je vais aller tenir compagnie à cette bonne Mme Schwab. Elle ne sort pas. Aussi elle s’ennuie beaucoup.

En espérant que tu te porte toujours bien, je te quitte mon tout petiot chéri en t’envoyant de bien douces cerises de ton bébé qui t’adore,

Mino

Creative Commons License