Un ravissant sucrier

Le 23 Décembre 1917

Mon petit Loul Aimé,

J’ai reçu tout à l’heure à midi ta mignonne lettre du 20. Si vous n’êtes pas assez pour le foot-ball, il faut m’embaucher. Je suis une bien mauvaise joueuse, mais je pourrais toujours faire l’arbitre. Et comme ça, je serais près de toi. De plus, comme il fait  très froid, c’est un bon moyen pour se réchauffer.

Aujourd’hui, il fait moins 7, aussi j’ai été dire à Germaine  que je ne sortais pas. Je deviens frileuse, c’est effrayant !

Hier soir, nous avons eu une alerte d’avions ennemis à 8h½. Cela a duré une heure. Nous avons entendu de vagues coups de canons, et c’est tout. Sur le journal ce matin, il n’y avait rien. C’est donc une fausse alerte. Cela n’aurait rien de surprenant. Ils viennent toujours à la fin de l’année.

J’ai reçu hier un joli cadeau. Un adorable petit sucrier en argent avec l’intérieur en verre. C’est parait-il pour notre ménage. C’est de la part de Madame Delcroix  pour me remercier du matelas et d’un service que j’ai rendu à son mari. C’est ravissant. Aussi, je l’ai bien remercié. Voilà le commencement du ménage !

Catalogue Manufrance
Catalogue Manufrance

Je crois que si tu avais été près de moi pour coudre les boutons, j’y serais encore. Car j’aurais tout envoyé promener. Heureusement que toutes les robes ne se ressemblent pas, car il y aurait de quoi devenir folle.

J’espère que tu ne souffres pas trop du froid et que tu es toujours en bonne santé.

En attendant de tes nouvelles, je t’envoie mon gros poupon chéri de bien doux baisers de ta gosse qui t’aime à la folie,

Mino

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