Nous avons ri pour notre argent !

Le 10 Décembre 1917

Petit Loul adoré,

J’ai reçu ce matin ta longue lettre du 8. Le facteur s’était trompé dans sa distribution et l’avait donné au 102. Heureusement que la concierge de cette maison me l’a rapportée.

Je comprends pour toi, pauvre Loul, que cela ne soit pas drôle de rester sans nouvelles. Tranquillise-toi, ta Mino est très sage, du moins elle le trouve. J’espère que maintenant mes lettres t’arriveront régulièrement.

Je suis contente de savoir que tu n’es pas encore parti chercher ton coucou, car j’espère un petit peu avoir l’occasion de te voir. J’ai vu un autre cheval pie  hier. Un jeudi, cela fait deux dans la même semaine, aussi c’est pour cela que je dis : “J’espère un petit peu.”

Marie-Louise est venue hier et nous avons été au cinéma. Il faisait trop vilain temps pour se promener. Nous avons ri pour notre argent !!! Pas de ce que l’on jouait, mais de voir deux amoureux à côté de nous ! Vraiment, il y avait de quoi. Marie-Louise en pleurait.

Je lui ai dit la blague des conducteurs automobilistes. Elle a marché. J’en étais malade de rire. Tu ne sais pas ce qu’elle m’a répondu ? “Chic alors, Espierre m’emmènera.” Elle ne se frappe pas pour si peu !!! Mais je crois que pour le moment, c’est à Versailles qu’il va revenir. Il doit en avoir assez.

Tantôt, je vais chez toi. Je prendrai ton manchon et j’arrangerai ça tout de suite. Si je vois Monsieur Sevette, je lui dirai qu’il pense à toi.

Sur ce, je te quitte petit Loul pour m’habiller.

Ce matin, j’ai été travailler un peu, aussi je ne suis pas de trop en avance.

En espérant que tu es toujours en bonne santé et que maintenant tu reçois mes lettres, je t’envoie Loul chéri les plus douces cerises de celle qui t’adore,

Mino

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