Le 21 Novembre 1917

Petit Loul Aimé,

Je n’ai pas encore reçu de tes nouvelles. J’espère en avoir au courrier ce soir.

Hier, j’ai été voir Madame Schwab. Le médecin trouve du mieux, aussi le moral était meilleur.

Aujourd’hui, il fait très vilain, de la pluie et du brouillard. Je vais sortir pour faire des courses, aussi, avec ce temps, cela ne me dit rien du tout. Je préfèrerais rester auprès de mon feu à rêver à mon gros Poupon chéri.

Demain, je pense voir Marie-Louise. Je la mettrai au courant de mon petit projet.

Les nouvelles que je réclamais n’ont pas été longues à venir. La concierge vient de me monter à l’instant ta mignonne lettre du 19. Pour une fois, je n’ai pas à me plaindre de ses services.

Pauvre poupon chéri ! Alors cette journée de Lundi ne s’est pas bien terminée ? Je crois qu’elle avait commencé aussi un peu en courant, car si tu te souviens bien, nous nous étions mis un peu en retard pour l’heure du train. Enfin, il n’y a pas eu de bobo.

Je crois que je vais être obligée de reculer mon petit voyage car je ne saurais où aller si tu n’as pas de chambre. Qu’en penses-tu mon Loul ? A moins que je puisse aller à la division, mais là, j’ai peur d’être gênante et de t’attirer des ennuis. Je n’irai pas avant d’avoir une réponse à ce sujet.

Tant qu’à l’autre adresse où j’ai mis S.P. 95, cela ne m’étonne pas du tout. Je suis tellement étourdie que je confonds toujours avec le secteur de ton escadrille. Souvent, je suis obligée de refaire mon adresse à cause de ça. Je comprends qu’elle ait nagé, car elle a dû aller à la C.4. et revenir au Plessis. Comme nouvelles fraîches, c’était réussi ! Heureusement, tu en avais du matin et accompagnées de vraies cerises !!! Pas sur du papier, ce qui est bien meilleur.

Je pense que tu continues à bien te plaire sur Nieuport et que ton entrainement marche toujours bien.

En espérant que mon mot te trouvera en bonne santé, je te quitte, petit Loul Aimé en t’envoyant les plus tendres câlineries de ta gosse qui t’aime follement,

Mino