Elle va un peu fort

Le 18 Octobre 1917

Tout petiot Aimé,

J’ai reçu hier au soir ta mignonne lettre du 16. Je reçois maintenant tes lettres le lendemain du jour où tu les écris. Je n’ai pas à me plaindre. En effet, tu ne m’avais pas dit que tu avais reçu tes ailes. Je l’ai su par Nounou Lundi. Cela n’avait pas d’importance puisqu’elles étaient comme tu le désirais. Pour ton briquet, j’ai oublié de le demander. Je téléphonerai demain matin chez toi pour que Suzanne me l’apporte en venant chez Loulou. J’irai Samedi tantôt le porter à la Samaritaine.

J’ai vu Marie-Louise hier. Elle ne m’a pas interrogée. A présent, elle y renonce ! Elle n’a pas changé, toujours un bon numéro. Elle ne m’avait pas dit qu’elle avait été voir l’enseigne sans prévenir Espierre ! Ce qui fait qu’il ignore son voyage à Brest. Elle est restée 48h. Elle va un peu fort. Aussi je lui ai fait de la morale. Elle me donne raison et reconnait qu’elle n’aurait pas dû y aller. Quelle enfant ! On dirait qu’elle ne se rend pas compte de ce qu’elle fait. En ce moment, elle est comme une petite folle à la pensée qu’Espierre va venir. Il l’emmènera sans doute chez lui en Vendée. Aussi, ce voyage lui plait beaucoup.

Cour tennis On lui a dit aussi que cet hiver, on les enverrait donner des spectacles de gala en Italie. Voyage, nourriture payés, aussi elle se voit déjà à Rome et Venise. Quelle gosse ! Pour changer, elle avait son éternel rhume de cerveau.

Elle m’a dit de te demander si tu pourrais avoir des photos de guerre. Elle en fait collection. Celles que j’ai à la maison, représentant ton escadrille bombardée l’ont fort impressionnée, mais je n’ai pas voulu lui donner.

En espérant que tu es toujours en bonne santé, je t’envoie mon Loul chéri de tendres baisers de ta sale gosse qui t’adore,

Mino

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