26 jours sans nouvelle

Paris, le 23 Septembre 1914

Mon cher petit Lucien,

Je n’ai toujours aucune nouvelle de toi depuis le 28 août ce qui va faire bientôt un mois. J’espère que tu es en bonne santé et que ce n’est pas pour cette raison que je ne reçois rien. J’attribue ce long retard à la lenteur avec laquelle les lettres sont envoyées. Tout le monde se plaint surtout à Paris et ces plaintes sont dues aux retards des correspondances. On nous promet chaque jour de l’amélioration dans le service, mais les semaines passent et nous n’avons toujours pas de nouvelles de nos chers soldats. Quel tristesse ! De penser que ceux que nous aimons peuvent croire à un oubli de notre part.

Mon cher Lucien, si tu savais combien je pense à toi ! Il doit être bien triste aussi pour toi de ne pas recevoir de nouvelles, pour tant je t’écris très souvent, sachant le plaisir qu’une petite lettre peut t’apporter, mais je suis sure qu’il n’y en a pas la moitié qui te parviennent. Je ne me décourage pas et j’écris toujours dans l’espoir que sur la quantité il y en aura bien une qui arrivera.

1914-09-23-bis

Ce qui m’inquiète c’est ta santé, car j’ignore si tu t’es déjà battu : tu aurais pu être blessé ou par ces vilains temps tomber malade depuis 26 jours que je n’ai plus de nouvelles il doit s’être passé bien des choses.

Tant qu’à moi malgré mon plus cher désir d’être infirmière je ne le suis pas. Mon père ayant demandé à reprendre du service, on a jugé à propos de ne pas l’accepter. Aussi il n’est pas content et n’a donc pas voulu que je me mette infirmière. Enfin dans l’espoir que cette lettre te parviendras et qu’elle te trouveras en bonne santé, je t’envoie mon petit chéri mille tendres baisers.

Celle qui pense à toi sans cesse,

Germaine

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