Le 30 Octobre 1917

Petit Loul chéri,

Hier soir, trouvant le courrier bien long à venir, je me suis habillée et j’ai été au devant de la voiture des facteurs. Je l’ai rencontrée rue de Charonne, près de la rue Trousseau.

Je l’ai suivie jusqu’à l’avenue, là, le facteur descend. J’ai suivi le facteur jusqu’à la maison. Ta lettre était juste sur le dessus. Ça fait que je l’ai eu tout de suite. J’ai demandé pour Mme Delcroix. Il n’y avait rien. Aussi, je suis vite montée chez nous, afin qu’elle ne me voit pas avec des nouvelles. Elle pleure si souvent que je m’en voudrais de lui faire du chagrin.

Ça fait que comme une petite égoïste, j’ai lu ta mignonne lettre du 28. Je ne sais pas encore comment s’est passé la petite histoire de Marie-Louise, mais j’ai bien peur que ça tourne mal. Espierre devait arriver hier. Je ne la verrai qu’à la fin de la permission.

Ce matin, j’ai été au cimetière de Pantin.

 En cours de route, j’ai rencontré 3 chevaux pie, à trois endroits différents. Aussi j’ose espérer qu’ils m’apporteront comme de coutume de bonnes nouvelles.

A part ça, rien de nouveau à te dire.

En attendant ma petite lettre pour ce soir, et en espérant que tu es toujours en bonne santé, je t’envoie mon petiot Aimé de biens tendres baisers de ton petit bébé qui t’adore,

Mino