Lettre de Suzanne – Il ne faut surtout pas pleurer

9 Septembre 1917 – Dimanche

Ma chère petite Germaine,

Je vous remercie infiniment de vos bons souhaits qui m’ont fait très plaisir. La petit fleur que vous aviez jointe à votre lettre embaumait. Elle m’a apporté un peu de parfum de cette Normandie que j’aime tant !

Ne vous excusez pas de m’écrire une toute petite lettre. Cela me prouve que vous employez tout votre temps à vous promener et j’en suis très contente. Un mot, une carte de temps à autre nous montrent que vous pensez à nous. C’est tout ce que nous demandons.

Merci pour votre joli trèfle, petite amie. Il est très original avec ses points noirs. Il est malheureusement trop grand pour mon médaillon, mais je l’ai mis à sécher dans un livre et je garderai en souvenir de vous.

J’espère que ce gros chagrin de poussin est tout à fait passé. Vous allez l’avoir bientôt pendant 10 jours votre Lucien. Il ne faut pas être trop exigeante. Il ne faut surtout pas pleurer, petite Germaine. vous rencontrerez dans la vie tant de choses plus pénibles et plus tristes. Comment les supporterez-vous, ces choses-là, si vous pleurez déjà toute une journée pour une petite déception ?

Yvonne m’a écrit en même temps que vous. Elle a l’air tout à fait enchantée de sa future cousine et vous paraissez faire une paire d’amies.

Mon oncle Louis pense revenir au début de la semaine. Peut-être alors que nous partirions enfin !

Loulou et moi faisons peu de bicyclette, nous flânons beaucoup et je crois que cela nous réussit mieux que les longues promenades.

Gabrielle passe son examen aujourd’hui, elle a une frousse terrible !

Continuez de bien vous amuser petite Germaine et ne vous inquiétez pas de votre Papa. Nous l’avons vu vendredi en revenant de la rue de Lyon. Il a une mine superbe.

Toute la famille se joint à moi, chère petite amie pour vous embrasser très affectueusement,

Suzanne

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