Paulette me délaisse

Le 9 Août 1917

Petit Loul Aimé,

Ce matin, je n’ai pas reçu de nouvelles. Ça sera certainement pour 2h½. Mais j’aime mieux écrire tout de suite car après, c’est trop tard pour le courrier.

Ce matin, en allant au marché, j’ai vu Travet qui sortait de chez lui. En voilà, un veinard ! Voilà 2 matins qu’il était parti. Et toi, voilà un mois aujourd’hui que tu es bien loin. 1 mois, c’est pas vrai ça !!! C’est six mois que je trouve à mon compte !!!

J’étais avec Paulette ce matin. Elle trouve que Travet te ressemble. C’est le costume qui lui fait dire ça ! Il est habillé pareil que toi. Elle ne l’a pas quitté des yeux une minute. Elle me tirait tout le temps le bras pour ne pas le perdre de vue. Enfin, il a a sauté dans le tram de la République et elle était désolée de ne plus l’apercevoir. “Si c’était votre fiancé, qu’elle me disait, ce que vous seriez contente, dis !!!”

Paulette me dit tu et vous ensemble. Ainsi, elle me dit souvent : “Mademoiselle Germaine voulez-vous me donner ça s’il te plait.” Elle est très drôle. Son oncle est arrivé en permission, aussi elle me délaisse facilement. C’est que lorsqu’elle a dit : “Mon Tonton Marcel”, elle a tout dit.

Le temps est plus beau en ce moment, aussi, tu dois moins t’ennuyer. Moi, pour mon goût, je préfère le vilain temps, je suis moins inquiète lorsque je vois la pluie, parce que je sais que tu ne fais rien.

En espérant que tu es toujours en bonne santé, je t’envoie mon Loul Aimé les plus douces caresses de ta gosse qui t’adore,

Mino

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