Un costume du pays

Le 6 Août 1917

Mon petit chéri,

Ce matin, j’ai reçu ta mignonne lettre du 3. Mon grand travail comme tu dis est terminé depuis longtemps. Et tout est réinstallé comme auparavant. Mais je ne tirais pas la langue en tenant le pinceau ! J’avais un air un peu appliqué et c’est tout. Je m’étais toute barbouillée de vernis aux mains. Aussi, j’ai eu un mal pour l’enlever ! Heureusement que je me suis rappelée que lorsque tu as travaillé à quelque chose de sale, tu te laves les mains avec de l’essence. J’en ai fait autant et tout est parti.

Je suis complètement de ton avis mon Loul, pourquoi perdre ton temps ainsi ! Il serait préférable que tu sois à Paris. Hélas ! Tout le monde ne pense pas comme nous.

Le cheval pie m’a annoncé une nouvelle ! Ta citation. Aussi il faut que j’en vois un autre pour que tu viennes. Malheureusement, en ce moment je n’ai pas l’occasion de sortir. Il faudrait qu’il passe dans l’avenue, et encore, je n’ai pas tout le temps le nez à la fenêtre.

Hier, Germaine m’a fait faux bond. J’en ai été quitte pour me plonger dans un bouquin que ta cousine Derancourt m’a prêté. Je l’ai lu dans mon après-midi, aussi j’étais légèrement abrutie le soir. C’est Lazarine, de Bourget.

lazarine

Je reçois en ce moment beaucoup de nouvelles de Marie-Louise, presque tous les jours. Elle est en train de faire des folies par là ! Elle s’est fait faire un costume du pays pour 200f. C’est une vraie folie.

Douarnenez-femme-de-Polare-

Ce matin, j’ai reçu une carte superbe de Douarnenez. Que c’est joli par là et comme je regrette de ne pas y être partie !!!

Elle rentre vers la fin du mois en s’arrêtant à Nantes, Saint-Nazaire, Blois, Tours, Angers. C’est moi qui suis contente ! Je suis si seule toute la journée ! Elle me demande de tes nouvelles et t’envoie ses amitiés.

Là-dessus, je te quitte car je vais chez toi.

Je termine mon Loul adoré en t’embrassant très très tendrement,

Mino

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