Un rêve épatant

Le 5 Août 1917

Mon petit Loul Aimé,

Aujourd’hui, je n’ai rien reçu de toi, mais je ne m’en plains pas. Après la bonne surprise d’hier, il me semble que jerais bien difficile. De plus, c’est Dimanche, aussi il n’y a pas de distribution l’après-midi.

Mon chéri, devine à l’heure où je me suis levée ce matin. Je pourrais même dire tout à l’heure. 11h½. C’est honteux ! Voilà que je me payer de la grasse matinée ! Il faut te dire que je me suis offerte ce matin à 6h½ une affreuse limonade Rogé que je ne peux voir en peinture. Aussi, j’en ai profité pour faire la paresseuse ! Je n’ai pas manqué pendant ce temps de relire bien des fois ta lettre d’hier. Je suis si heureuse de voir tous les éloges que l’on fait de toi, que je ne cesse de la lire. Je sais ta citation par coeur. Par exemple, je la réclame lorsque tu l’auras sur papier. Je n’ai pas eu la première. Cela me ferait grand plaisir d’avoir la seconde. As-tu droit de porter tout de suite une palme ? Il me semble que maintenant, tu pourras changer ton ruban de croix de guerre !

Je ne sais plus quand, j’ai fait un rêve épatant. La guerre était terminée et nous étions en voyage, mais alors un grand voyage. Nous étions très bien installés dans un compartiment, mais nous étions fort gênés ! Il y avait du monde… et pas moyen de cueillir une pauvre petite cerise grosse comme un tête d’épingle.

wagon

Enfin est arrivé un moment où les gens sont descendus. Aussi nous avions fait houf ! Et je me rappelle que tu t’es empressé de fermer les portes à clé (dans mon rêve, les wagons avaient des serrures et de tirer les rideaux. C’était très amusant. Dame, après nous nous sommes rattrapés à un tel point que l’on ne se serait pas cru en chemin de fer, et ainsi toute une nuit. C’était délicieux. Je me rappelle aussi que l’on venait souvent ouvrir nos portes mais peine perdue, puisqu’elles étaient fermées. Nous ne nous en occupions pas du tout ! Pour finir ce beau rêve, je m’étais endormie dans tes bras… Mais hélas, je me suis réveillée seule, aussi j’en ai fait une sale tête !!! Il y a des fois, tout de même, où je fais de bien beaux rêves ! Mais je préfèrerais que ce soit la réalité.

Là dessus, je te quitte mon Loul car j’attends Germaine qui doit venir passer l’après-midi à côté de moi.

En espérant que tu es toujours en bonne santé, je t’envoie mon Coco chéri les plus douces tendresses de celle qui t’aime de toutes ses forces,

Mino

Creative Commons License