Le 26 Juillet 1917

Mon petit Loul aimé,

J’ai reçu ce matin ta mignonne lettre du 24. Toi aussi maintenant tu ne reçois pas mes lettres. Je réclame ! Tu sais, ta lettre du 22, je ne l’ai toujours pas. Je voudrais bien savoir où elle est passée ? Ça me ferait rager si je ne la recevais pas.

En même temps que ta lettre, ce matin, j’en ai reçu une de Marie-Louise. Ce que je lui ai écrit ne lui a pas fait plaisir, aussi elle ne me mâche pas ce qu’elle a à me dire. Elle me dit que vraiment, elle a fait tout son possible pour m’envoyer une réponse le plus tôt possible et que si mon père ne m’a pas laissé partir, c’est qu’il n’était pas très décidé à ce que j’aille à Beg-Meil et qu’il a pris comme prétexte que Quimper était une ville. Tu penses, j’ai lu ça à mon père…!!!

Quelle colère, mais ça me fait rien, il a encore crié, mais comme ça, il voit ce que l’on pense de lui. Ça fait que maintenant, il en veut à Marie-Louise. Tu parles si cela lui fera quelque chose !!! Je suis contente, je lui ai lu exprès !!!! Aussi il m’a dit : “J’en ai assez, lorsqu’il y aura des lettres pour toi, tu mériterais que je les lises.” Je suis bien tranquille, je suis presque toujours là lorsque le courrier arrive et de toute façon, je rentre toujours avant lui.

Je viens de te quitter cinq minutes. Paulette et sa maman viennent de venir me dire un petit bonjour en descendant. Tantôt, je reste à travailler à la maison, comme une petite fille bien sage. C’est ce que j’ai de mieux à faire. C’est pas très folichon, mais j’y suis habituée.

Tous mes compliments à ton camarade pour son boche descendu. Toi, si tu avais eu un bon observateur, tu aurais pu en faire autant.

Dis mon Lou ? Sais-tu pour quand ta permission ? Il me semble qu’il y a plus de 4 mois que tu es venu ? Et toi qu’en penses-tu….?

A part ça, rien de nouveau.

J’espère que tu es toujours en bonne santé. En attendant ma petite lettre pour demain matin, je t’envoie mon petit Coco chéri les plus tendres baisers de ta gosse qui ne pense qu’à toi,

Mino