Ce n’est pas de chance

Le 12 Juin 1917

Mon petit Lou Aimé,

A ma grande joie, j’ai reçu hier soir tes gentilles lettres du 8 et 9, ou plutôt je les ai chipé chez la concierge. J’avais vu la factrice venir, aussi je me suis précipitée dans la loge. comme il n’y avait personne, je me suis servie moi-même. Aussi, aujourd’hui ça va mieux qu’hier, le cafard a pris son vol pour d’autres régions. J’aime mieux ça. Je ne sais pas, mais hier, je voyais un peu tout en noir. Heureusement que ce n’est pas tous les jours pareil !

Pauvre Pouchel ! Il n’a décidément pas de chance. J’espère que sa blessure est moins grave qu’on le pense. Cette nouvelle m’a bouleversée ! En ce moment vraiment, il n’y a que des mauvaises nouvelles. La semaine dernière, c’était la mort de deux de tes camarades, maintenant celle d’un observateur et Pouchel blessé. Vraiment, ce n’est pas de chance !!!

12-06-17-pertes

J’espère que c’est la fin des mauvaises et que maintenant c’est la place aux bonnes.

J’ai rêvé cette nuit que tu étais en mission de 48h à Paris. On dit que l’on rêve le contraire de ce qui doit arriver. Alors pas de chance pour nous.

Tantôt, je vais travailler chez la couturière, aussi je te quitte.

En espérant que tu es toujours en bonne santé, je t’envoie mon petit Coco chéri une coupe de délicieuses cerises de ta petite

Mino

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