Je serai sans doute Chocolat

Le 25 février 1917

Mon petit Lou Aimé,

Ce matin, je n’ai pas eu le plaisir d’avoir une gentille lettre. J’espère que demain je serai plus heureuse. A la place de ta lettre, j’en ai eu une de Marie-Louise, mais ça ne remplace pas la tienne. Cette pauvre gosse est malade. Elle a passé une partie de la permission dans son lit. C’est pas de veine. Aussi elle est désolée. Elle a encore attrapé froid et a eu la fièvre. De plus, elle a voulu sortir quand même, aussi ça ne va pas.

Elle me donne rendez-vous pour cette semaine aux Galeries. Je lui ai répondu que je ne me dérangeais pas en ce moment, de peur que tu viennes me surprendre et que je ne sois pas là. Je lui dis de venir à la maison, comme cela, je serai toujours là. Malheureusement je m’aperçois que le temps est trop beau et que je serai sans doute “chocolat”.

chocolat

Ce matin, j’ai rencontré la nièce de la teinturière en bas de chez nous. C’est la jeune fille dont je t’ai parlé qui habite Bar-le-Duc, elle est de passage à Paris pour une quinzaine de jours. Elle m’a dit qu’elle t’avait rencontré très souvent dans Bar, mais qu’elle ne se serait pas permise de te causer ne te connaissant que de vue. Elle est arrivée hier soir à Paris, et elle prétend t’avoir vu la semaine dernière. Elle s’est dit en te voyant : « Tiens le fiancé de Mlle Germaine qui est à Bar ! » Je lui demanderai où elle habite, elle m’a dit : « Le champ d’aviation est tout à côté de chez moi.»

Je te quitte mon petit Lou pour profiter du beau soleil pour aller faire un tour avec Germaine.

En attendant de tes nouvelles, je t’envoie mon petit Lou Aimé les baisers les plus doux de celle qui t’aime follement,

Mino

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