Popotier

Le 6 Février 1917

Mon petit Lou chéri,

J’ai reçu ce matin ta gentille lettre du 3. Est-ce que la chasse a été fructueuse ? Qu’as-tu rapporté de beau ? En ta qualité de popotier, est-ce toi qui a organisé cette distraction ?

popotier-baïonette05-04-17

J’ai reçu également ce matin le mandat que tu me mentionnais dans ta lettre. Tu m’as envoyé plus que j’avais payé.

Si tu me voyais écrire, tu rirais. Depuis hier au soir, nous n’avons presque plus de gaz. Le peu qu’il y a, je le garde pour la cuisine. Aussi je t’écris à la lueur de ma petite lampe. On dirait un lampion au milieu de la salle à manger. Tout notre quartier a ce petit privilège. Comme tu penses, c’est charmant ! Ce qu’il y a de plus  drôle, c’est que mon père trouve que c’est de ma faute. Je ne peux rien y faire si l’usine qui nous fournit en gaz n’a pas de charbon ou en manque pour quelques jours. Je n’y peux rien, c’est naturel !

Pour la cuisine, il faut mettre le déjeuner à 9h si on veut que ça soit cuit. J’espère que ça ne durera pas longtemps comme ça, car ce n’est pas drôle. On est forcé de se coucher de bonne heure. Hier à 8 heures, j’étais au lit.

Hier, j’ai eu tes photos chez toi. Je te les envoie en attendant les autres. Je crois que l’on t’enverra 1/2 douzaine des identités. Tout le monde te préfère sans képi. Tu me diras combien tu en veux sur carton ? Je les aurai le 15.

Dis chéri, devine à qui te compare Loulou ? A Cupidon. C’était mourant ! J’aurai voulu que tu sois là hier. Quel numéro que cette Loulou.

Je te quitte bien vite mon petit chéri, la femme de ménage était là toute l’après-midi aussi je suis en retard pour mon courrier.

En espérant que tu es en bonne santé, je t’envoie mon mignon Lou les plus doux baisers de celle qui t’adore,

Germaine

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