Vilaines engelures

Le 14 Décembre 1916

Mon petit chéri,

Hier matin, j’ai reçu ta gentille lettre du 10 et le soir, celle du 11. A mon grand regret, je n’ai pu y répondre en déjeunant hier, je me suis sentie par bien, et j’ai vite regagné mon lit. J’y suis restée une partie de l’après-midi et le soir, je me suis relevée, ça allait mieux, mes malaises avaient disparus. Ce matin, ça va tout à fait bien et je m’empresse de venir répondre à tes deux gentilles lettres.

Pauvre petit Lou chéri, qui a de vilaines engelures à ses petits pieds. De ce temps-là, ça ne m’étonne pas, surtout si tu es constamment dans la boue. Il ne faut pas te mettre les pieds devant le feu, c’est très mauvais et ça envenime les engelures. Tu devrais t’envelopper les pieds, une fois que tu as tes chaussettes, avec du papier. Ça empêche l’humidité de pénétrer et ça tient très chaud. Surtout dans tes bottes, ça doit être très facile de mettre du papier, elles sont assez grandes !

La glycérine est ce qu’il y a de meilleur pour les engelures. Essaye mon petit conseil et tu m’en diras des nouvelles.

C’était aujourd’hui que je devais aller te voir, aussi j’ai un peu gros au coeur de rester là, à l’heure qu’il est, je serais dans le train. Enfin, n’y pensons plus puisque c’était impossible. Je sors tantôt avec Marie-Louise, elle va surement m’en parler.

J’espère que ma lettre te trouvera sans vilaines engelures et en parfaite santé. Dans cet espoir, je te quitte mon petit chéri, en t’envoyant les plus doux baisers de celle qui t’adore,

Germaine

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