Ça devait lui arriver un jour ou l’autre

Le 10 Décembre 1916

Mon petit Lou aimé,

Dans ma lettre d’hier, je te disais que je te récrirai l’après-midi. Ma foi, j’en avais la ferme intention, mais j’ai été empêchée. Marie-Louise est venue à l’improviste. Elle m’avait promis de venir aujourd’hui Dimanche, mais comme elle ne pouvait pas, elle est venue à la place hier. Ça fait que je ne t’ai pas écrit, comme je te l’avais promis. Je suis sûre que tu me pardonnes.

Hier, juste comme je donnais ma lettre à mon père pour mettre à la poste, la concierge apportait tes deux lettres du 5 et 6. Aussi, comme je te disais que je n’avais pas de tes nouvelles, j’ai bien vite mis un mot pour te rassurer, mais je n’ai pas eu le temps d’y répondre. J’espère que maintenant tu es complètement rassuré sur ma santé et que tu as reçu plusieurs lettres de moi.

L’histoire de ton camarade Dupuy n’est pas drôle du tout, mais comme tu dis, ça devait lui arriver un jour ou l’autre. Il était par trop imprudent.

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Aujourd’hui, pas de nouvelles. Il est vrai que j’en ai eu deux hier, aussi il ne faut pas être trop exigeant !

Je devais sortir pour la première fois aujourd’hui, mais le temps m’en a empêché. Il pleut à torrent. J’espère que demain j’aurai plus de chance. Je me sens très bien maintenant et j’ai hâte de respirer un peu d’air frais. Voici 12 jours que je suis cloîtrée, ça commence à me sembler long.

Tantôt, j’ai mon amie Germaine qui vient de venir me voir, aussi je me dépêche d’écrire, maintenant qu’elle est partie pour que ma lettre parte ce soir, mon père doit aller me la porter en allant chercher son journal. Aussi je vais te quitter. En espérant que ma lettre te trouvera en bonne santé, et en attendant impatiemment des nouvelles fraîches, je termine mon petit chéri en t’envoyant des millions de doux baisers de ta petite,

Germaine

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