Je vais beaucoup mieux

Le 29 octobre 1916

Mon petit chéri,

J’ai reçu tout à l’heure tes gentilles lettres du 27 et 28. Tranquillise-toi mon chéri, je vais beaucoup mieux. C’est à dire que je n’ai plus mal à ma tête. J’avais tout simplement la grippe et c’est pour cela que j’avais ces maudites névralgies, c’était le commencement.

Maintenant, je mouche beaucoup aussi j’ai le cerveau dégagé. Je tousse aussi, mais ce n’est rien, c’est la grippe qui suit son cours. Dans trois ou quatre jours, il n’y paraitra plus. Il faut que je reste à la maison, bien au chaud et c’est tout. Comme tu vois, ce n’est pas bien grave et il ne faut pas t’alarmer pour si peu. C’est de ma faute, je n’aurai pas du te le dire. Mais c’était bien difficile, je me sentais tellement mal. J’aime mieux que ça se soit terminé ainsi, je n’aurais pu continuer à être comme j’étais. Ces maux de tête sont trop terrible.

Mon pauvre petit Lou, tu m’excuseras, mais hier je ne t’ai pas écrit, comme je ne dois pas sortir, je n’avais personne auprès de moi pour porter ta lettre. J’ai bien eu un peu Paulette, mais cette pauvre gosse, je n’aurai pas osé l’envoyer. Figure-toi que cette demoiselle, lorsqu’elle a su que j’avais la grippe, n’a plus voulu rester auprès de moi, elle s’est sauvé le dire à sa maman. Elle avait peur de l’attraper. Elle a très bien fait et je ne lui en veux pas pour ça, car ce n’était pas très prudent.

Aujourd’hui, Dimanche, pas de matinée. Je reste à la maison, ce qui me semble bien drôle. Heureusement Marie-Louise doit venir passer l’après-midi avec moi, comme cela, ça me semblera moins triste. Mais le temps est bien vilain et j’ai peur qu’elle reste chez elle. Si elle vient, je la chargerait de cette lettre pour qu’elle me la mette à la poste, sinon mon père me la portera puisqu’il est là.

Je comprends que vous ne puissiez voler. Ici il fait un temps épouvantable, de l’eau, tous les jours de l’eau, avec ça un vent très violent, un vrai temps de Toussaint. Pour une nuit de garde, le temps n’était pas choisi et je comprends que tu aies passé une mauvaise nuit, tu devais avoir bien froid. Il me semble que c’est bien souvent ton tour. Pour la Toussaint, on va peut-être rétablir les permissions ? Je trouve que cette plaisanterie a assez duré. N’es-tu pas de mon avis chéri ?

A part ça, rien de bien nouveau à te dire. Je vais terminer là ma lettre pour aller reprendre ma place devant le feu.

En attendant de tes bonnes nouvelles, et en espérant que tu es en bonne santé, reçois mon mignon Loulou les plus doux baisers de celle qui t’adore de tout son coeur,

Germaine

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