Farce de Travet

Le 11 Aout 1916

Mon petit Loulou adoré,

J’ai reçu hier soir ta gentille lettre. C’est un bien petit malheur. Et je ne veux pas que tu uses tes genoux pour si peu de chose. J’aime mieux que tu me les gardes pour que je puisse me blottir dessus.

Tu as raison de dire que je n’ai pas de chance en ce moment. Tout ce que j’entreprends en ce moment ne réussit pas, je suis dans la déveine.

Mon voyage au Crotoy est complètement tombé dans l’eau. J’ai revu mon amie hier, qui est complètement désolée, elle n’a su que me répéter “Notre pauvre Crotoy !”. Ses parents vont sans doute l’envoyer chez un de ses oncles et cela ne lui plait pas à moins que j’aille avec elle. Mais hélas, c’est trop loin pour moi, tu ne me vois pas partie à Auch ! Tout là-bas au bout du monde.

Non, il doit être écrit que je dois rester à Paris et comme tu vois, j’y reste.

En ce moment, je vais m’amuser avec ma pauvre petite Paulette qui a attrapé la rougeole. Pauvre petite gosse ! Elle est si contente de me voir.

J’ai vu hier ton camarade Travet, il doit être en permission de quatre jours. L’autre soir, qui doit être Mardi soir, j’étais dans ma chambre en train de lire à la fenêtre, lorsque tout à coups, j’entends quelqu’un qui m’appelle. Je regarde et je vois Travet qui se cachait derrière un rideau. Il en a des idées, ce n’était pas la peine de m’appeler pour se cacher après. Enfin, c’est sans doute une farce qu’il voulait me faire.

J’espère que les vols continuent toujours à ton gré et que tu es toujours en bonne santé. Dans cet espoir, je te quitte pour aller souhaiter la fête à Suzanne.

Reçois mon chéri tous les plus doux baisers de ta fiancée qui t’adore,

Germaine

 

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