Mon gros ……….

Paris, Le 8 Juin 1916

Mon petit Loulou chéri,

J’ai reçu hier au soir ta gentille lettre du 6 Juin où je vois que tu as gardé un assez bon souvenir des dites cerises. Je vois que tu ne les dédaignes plus, d’ailleurs, avant que tu saches la signification, je m’étais déjà aperçue que tu les trouvais assez à ton goût.

N’est-ce pas mon gros …….

Tu me demandes si je t’en veux de ne pas avoir tenu ta promesse. Forcément non puisque je t’en veux jamais, mais ça ne fait rien, j’ai peur que mon gros ……. le devienne de trop !

08-06-16

Enfin, j’espère que maintenant tu as des sommeils moins agités et que tu ne déranges plus tes camarades par tes bonds de 1m50. Tu m’as bien fait rire avec ça.

Comme je te l’ai dit dans ma lettre d’hier, nous avons été à bicyclette. Malgré le vilain temps car il pleuvait, nous avons fait une très bonne promenade. Nous avons été goûter où nous avions été déjeuner Dimanche. On s’est amusé à passer le bras de Marne en bateau. C’était Suzanne et moi qui conduisait l’embarcation. Nous avons bien ri, figures-toi qu’une fois parvenues de l’autre côté de la rive, nous avions oublié d’amarrer le bateau, si bien que ce dernier nous a faussé compagnie. A notre grande stupéfaction, nous étions prisonnières dans l’île. Enfin, après bien des péripéties, nous sommes arrivées à le rattraper et à regagner le lieu de départ.

Je suis en train d’écrire en compagnie de mon amie Marie-Louise. Nous sommes à la maison et comme il fait vilain temps, elle en a profité pour faire elle aussi sa correspondance.

S’il fait ce vilain temps-là au Crotoy, tu ne vas pas encore beaucoup voler.

J’espère que tu es toujours en bonne santé. Dans cet espoir, je t’envoie mon gros……. toutes les plus douces tendresses.

Ta petite fiancée qui t’adore follement,

Germaine

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