Je m’en veux beaucoup

Paris, Le 31 Mai 1916

Mon petit chéri,

J’ai reçu ce soir tes deux gentilles lettres du 28 et 29. Pauvre chéri ! Comme tu as l’air triste. Dire que c’est de ma faute, mais bien sans le vouloir. Tu sais, je m’en veux beaucoup. Enfin, j’espère que maintenant tu n’as plus l’affreux cafard.

Je t’envoie pour te consoler un peu en attendant Dimanche une photo tout ce qu’il y a d’amateur. Tu reconnaîtras certainement l’endroit où elle a été prise. C’est du travail d’Elisabteh Anquetil. C’est pas mal. J’ai un air plutôt souriant.

Cet après-midi, nous avons été en bicyclette assez loin, aussi ce soir je suis très fatiguée, aussi je vais pas tarder à aller me reposer. Il ne nous est rien arrivé. C’est merveilleux. Il est vrai que je regarde bien devant moi maintenant. Suis-je obéissante !

Je ne t’écrirai plus d’ici Samedi car j’espère te voir ce jour. Je serai à l’endroit habituel à la gare.

En attendant le bonheur de te voir, et de me dire que tu ne crois plus à ma lettre du 26. Je termine en t’envoyant mon Loulou chéri, mes plus tendres baisers.

Ta petite fiancée qui t’adore,

Germaine

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