RDV à Dijon

Paris, Le 16 Mars 1916

Mon petit chéri,

Au reçu de ton télégramme, j’attendais avec impatience une bonne lettre me donnant des détails, mais hier, je n’ai pas eu ce plaisir. Enfin, ce matin, la lettre tant désirée m’est parvenue. Te dire la joie que j’ai eu en apprenant cette nouvelle est impossible. Je ne me serais jamais attendue à ça. Nous avons, je crois, la chance avec nous.

12-03-16

Je me sens renaître en pensant que tu es maintenant loin de tout danger, et que je pourrais quand je voudrais aller te voir. Car comme tu dois le penser, lorsque j’ai su que tu étais à Dijon, je n’ai eu qu’une pensée, y aller. Console-toi mon petit chéri, tu me dis qu’il ne te manque que moi pour être tout à fait heureux. Ton désir sera exaucé, tu seras bientôt heureux et moi aussi. Mon petit Loulou, je serai dans tes bras dans deux jours. Je crois que cette nouvelle va te faire plaisir ? Es-tu content ?

Tu me dis que tu penses rester une quinzaine à Longvic. C’est plus de temps qu’il me faut pour aller te voir. Mon père a décidé que nous irons à Dijon Samedi 18 (car comme tu le penses, je n’irai pas toute seule). Nous partirons Samedi matin pour arriver à Dijon par l’express de 1h29. Nous descendrons à l’Hôtel de la Cloche. Tu m’écriras à mon adresse à cet hôtel pour Samedi matin, en me disant comment nous pourrons te voir dans l’après-midi, car comme tu n’es libre qu’à 5 heures, nous nous arrangerons pour aller te chercher à Longvic, car j’espère que tu peux te rendre de 5h à 9h comme il te plait à Dijon. Je ne te parle pas de Dimanche, car je suppose que tu pourras avoir la permission de la journée pour Dijon.

En cas où il te serait impossible de pouvoir te voir ces deux jours, il faudrait que demain vendredi, tu nous télégraphies pour nous prévenir de ne pas partir. Mais j’espère qu’il n’y aura aucun empêchement qui nous empêchera de nous voir. D’ailleurs, je sais que tu feras tout ton possible pour être libre.

Mon père a téléphoné au tien ce matin pour savoir s’il avait l’intention d’aller te voir. Ton père lui a répondu qu’il n’aurait pas demandé mieux, mais que ton frère venait justement en permission Dimanche.

Où iras-tu après Longvic ? Si seulement tu pouvais te rapprocher de Paris. Enfin, nous causerons de cela Samedi. Plus que demain et je vais te revoir, quel bonheur ! Je suis comme une vrai folle.

Au moins, je saurai où aller passer mes vacances cet été ! Où tu iras, j’irai.

Je vais terminer mon bavardage, mais j’espère le reprendre à nouveau de vive voix, car il faut que ma lettre parte ce soir. En attendant le bonheur de pouvoir te voir et de me blottir dans tes bras, je t’envoie mon petit “n’amour” tous les plus tendres baisers de celle qui est impatiente d’être à Samedi soir,

Germaine

N’oublie pas de m’écrire à l’hôtel de la la Cloche

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