Le 11 Juin 1919

Mon tout petiot Aimé,

Je n’ai pas encore reçu de tes nouvelles. J’espère que cela ne saura tarder à présent. Hier soir, grosse émotion ! À 9h½, un coup de téléphone ! Tu penses si j’étais impatiente de savoir de qui c’était ! Hélas ! Ce n’était pas mon Loul qui téléphonait de venir le chercher mais Renée Pionnier !!!

Nous avons joué au poker. J’ai perdu 3f20. J’ai une déveine en ce moment, insolante !!! Sans doute que mon Loul va revenir bientôt !!! Est-il toujours question que tu reviennes à ton dépôt ?

Tantôt, je vais me payer le dentiste, cela fait 10 jours que je n’y ai pas été. Cela commençait à me plaire. Pourvu qu’il ne me fasse pas trop mal. Ayant déjà bobo au ventre depuis ce matin, je ne tiens pas à avoir mal partout. Après, j’irai voir Marcel. De là, j’irai chez Mme Bouchet pour aller ensuite chez ta tante Jeanne, où nous allons tous dîner ce soir !

Voilà un tantôt bien employé ! Je crois que j’aurai plutôt chaud ! Je t’écris en bras de chemise avec juste mon jupon. Comme cela, je suis à mon aise.

La stoppeuse m’a écrit à nouveau pour me prévenir de ne bien vouloir venir que Jeudi chercher ton costume.

A part ça, petit Loul, rien de bien nouveau.

En attendant impatiemment une mignonne lettre de toi, je te quitte mon chéri en t’embrassant bien bien tendrement.

Ta petite gosse qui t’aime follement,

Mino