Henri en prison

Le 17 Juin 1919

Mon petit Loul adoré,

Hier tantôt, j’ai reçu ta mignonne lettre du 13. Je me doutais bien que c’était ton blaireau. Pierre, lui, croyait que c’était à Marol.

Hier, j’ai été chez le dentiste et il m’a annoncé une bonne nouvelle. La semaine prochaine, ça sera fini. Je n’en suis pas fâchée. Je commençais à en avoir assez. Il m’a coupé pour la quatrième fois ma gencive. Cette opération m’est assez désagréable, j’ai comme impression qu’il me coupe la joue. Ce qui est tout à fait charmant !

J’ai oublié de te dire que j’avais été chercher ton costume chez la stoppeuse. Il n’est pas mal arrangé. Elle m’a pris, non pas 30f mais 35f. J’ai recousu tout ce qu’elle avait défait pour pouvoir faire son travail. Maintenant, il est tout prêt, et il t’attend.

Hier soir, nous avons eu la visite de ton oncle Charles et de Tantante. Ils se sont décidé à venir faire un tour à Paris par le chemin de fer. Leur voiture est toujours en panne. Ils repartent demain soir pour Arcy. Henri est parait-il en prison pour avoir été surpris dans une voiture où il n’avait pas le droit de monter. Tu penses s’il doit être content !

Aujourd’hui Mardi, je vais à la maison, aussi petit Loul, je vais te quitter car il est 10h½.

As-tu acheté un appareil à photo ? Et en as-tu déjà fait ?

En espérant que tu es en bonne santé, je t’envoie mon tout petiot chéri les plus doux baisers et les meilleures tendresses de ton petit bébé qui t’adore,

Mino

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