Aussi triste que moi

Le 29 Juin 1919

Mon petit Loul chéri,

J’ai reçu ce matin ta gentille lettre du 26. Je vois mon pauvre chéri que tu es aussi triste que moi. Pourquoi ne pas t’envoyer à Paris pour quelques jours, puisque tu ne fais absolument rien ! Sur le journal de ce matin, on dit que l’on va s’occuper de la démobilisation la semaine prochaine. Espérons que cela sera vrai !

Je crois que je ne me suis jamais autant ennuyée qu’hier, jour de la Paix. La seule distraction que j’ai eu, c’est une partie de cartes le soir, où j’ai perdu !

Aujourd’hui, Suzanne tient absolument à ce que j’aille avec elle à une audition. Je lui ai dit que cela ne me disait rien du tout, que j’étais trop triste pour ça. Elle m’a dit que si je n’y allais pas, elle n’irait pas non plus. Alors pour lui faire plaisir, j’ai cédé.

Je vais être même obligée de te quitter, car il faut que je m’habille.

En espérant te voir, quand même bientôt et que ta santé est toujours bonne, je t’envoie mon petit chéri les meilleurs baisers de ta petite gosse qui t’adore,

Mino

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