Le 13 Juin 1919

Mon petit Loul Aimé,

A ma grande joie, hier soir en rentrant, j’ai trouvé ta mignonne lettre du 9. Je suis contente de savoir que tu as fait bon voyage et que tu n’es pas trop fatigué.

Tu excuseras mon court mot d’hier. J’ai été très occupée. Marie-Louise étant venue déjeuner, cela m’a retardée un peu et ne nous étant pas vues depuis longtemps,nous avions un tas de choses à nous raconter.

Comme de bien entendu, nous sommes arrivées en retard au rendez-vous, mais l’enseigne est arrivé encore plus en retard. Nous avons été au bois où il faisait très bon. Nous nous sommes assis au bord du lac et nous avons assisté aux ébats des canards. L’enseigne voulait nous emmener en canot, mais il y avait tellement de monde qui attendait qu’il y a renoncé !

Marie-Louise est devenue enragée des courses ! Elle a gagné 57f sur un cheval l’autre jour, pour 5f. Aussi, depuis ce jour, elle est comme une folle et ne rêve que jouer, tout le temps jouer. Elle consulte un tas de journaux pour savoir le jour des courses, les noms des chevaux. Elle va rejouer Dimanche. Je crois que lorsqu’elle aura perdu une fois, ça la calmera ! Ils s’en vont Mercredi prochain, pour ne revenir qu’au mois de Septembre.

Dans mon mot d’hier, je te donnais des nouvelles de Marcel. Tu as dû voir que cela n’allait pas plus mal mais toujours tout doucement. Il mange un peu des petites soupes et des choses très légères. Madeleine voudrait trouver quelque chose du côté de Rolleboise ou des Andelys. Elle voudrait un endroit très calme et loin d’une grande route afin qu’il n’y ait pas de poussières. J’ai oublié de lui parler de Lions. Ça serait très bien, de la verdure et beaucoup de calme. J’irai demain. Elle m’a indiqué ce jour-là, parce que Madame Seng ne viendra pas et que nous pourrons causer.

Sur ce, petit chéri, je te quitte.

En espérant que tu te portes toujours bien, je t’envoie mon Loul adoré les plus tendres baisers et les plus douces caresses de ta petite gosse qui t’aime bien fort,

Mino