Plume récalcitrante

Le 8 Juin 1919

Mon petit Loul chéri,

J’espère que tu as fait un bon voyage et que tu es arrivé à bon port à Neustadt. Comme tu as dû avoir chaud ! Il faisait tellement lourd cette nuit que je ne pouvais pas arriver à m’endormir. J’ai dû me lever pour ouvrir la fenêtre. Aussi, j’ai bien pensé à mon pauvre Loul qui devait cuire dans son train.

En rentrant de la gare, Nounou m’a montré ton verre que tu avais laissé sur la table. Je pense qu’il ne vous a pas fait trop défaut et que vous vous êtes tout de même débrouillés pour boire !!!

A midi, nous avons le lieutenant Puech à déjeuner. Il a téléphoné ce matin qu’il était à Paris et ton père vient d’aller le chercher.

Ma plume devient aussi récalcitrante que mon stylo pour écrire. Je me demande si ce papier n’est autre que du buvard !

Sur ce, Petit Loul, je vais terminer ce court mot pour descendre, midi viennent de sonner.

En attendant de tes chères nouvelles et en espérant que tu es en bonne santé, je t’envoie mon chéri Aimé les plus douces câlineries et les meilleurs baisers de ta gosse qui te chéri bien fort,

Mino

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