Le 1er Juin 1919

Mon tout petiot chéri,

J’ai reçu hier soir ta mignonne lettre du 27, je suis contente que mon Loul ne me dise rien d’avoir dépensé beaucoup de sous. En effet, je n’ai rien acheté d’inutile. Je vois que mon Loul me prend pour une personne raisonnable et cela me fait plaisir. Je savais d’ailleurs très bien que mon petit Coco ne me dirait rien, il est trop gentil pour ça.

Tu me dis que tu penses venir vers le 4. Est-ce que tu recevras ma lettre d’hier à temps ? Je me le demande ! Maintenant les préliminaires de paix seront-ils signés à cette date ? j’en doute ! Enfin, on ne sait pas ! Un jour, les journaux disent blanc, le lendemain, c’est noir. Ça fait qu’on ne peut rien dire !

Moi, je sais bien que je voudrais que ça se signe tout de suite. Je verrai mon Coco et il serait démobilisé plus tôt.

Il est midi moins cinq et je ne suis pas encore lavée. Je suis très en avance ! Comme nous allons en auto après déjeuner, je te quitte mon Coco chéri pour prendre le cabinet de toilette que Suzanne vient de quitter.

En espérant que tu es en bonne santé, je t’envoie mon petit Loul que j’adore mes plus doux baisers,

Mino