Le 12 Mai 1919

Mon petit chéri aimé,

Je viens de recevoir deux mignonnes lettres de toi : celles du 8 et 9. Je te remercie mille fois par de nombreuses cerises d’avoir porté mon étoffe. Tu ne me dis pas le prix que l’on t’a demandé ? Lorsqu’elle sera prête, tâche de me la faire parvenir assez vite, car il faut que je la donne à refaire.

Hier tantôt, nous avons été nous promener en auto. Nous avons été jusqu’à Senlis. Nous avons vu beaucoup de maisons démolies, un quartier surtout a bien souffert.

Nous sommes revenus par Chantilly. Nous sommes passés à Louvre. Je crois que tu n’étais pas loin de ce patelin l’année dernière.

Ce matin, je n’ai pas encore arrêté une minute. Décidément, les lundis sont bien chargés pour moi. La blanchisseuse ; et comme Lundi dernier, le lieutenant Puèch est arrivé dans la matinée, j’ai couru encore faire les commissions pour le déjeuner. Je viens de m’esquiver de la salle à manger pour venir bavarder avec toi.

Je me suis aperçue un peu tard qu’il ne me restait plus de papier à lettre, aussi tu m’excuseras de t’écrire sur ce papier. Demain, je m’en achèterai d’autre.

En espérant que tu es toujours en bonne santé, je te quitte mon mignon Loul chéri en t’envoyant mes plus tendres baisers et mes plus douces caresses. Ta petite gosse qui t’aime de toutes ses forces,

Mino