Rafistolage

Le 13 Mai 1919

Mon petit Loul chéri,

Ce matin, comme je suis partie de bonne heure de la maison, je n’ai pas eu de mignonne lettre de toi, le facteur n’était pas encore arrivé. J’espère bien que ce soir à mon retour j’aurai le plaisir d’en lire une.

Je t’écris toujours sur un petit bout de papier, ce n’est que tantôt que je pourrai en acheter d’autre.

Hier, je me suis occupée de ton costume marron. Comme la stoppeuse de la rue de Malte a refusé un accroc que Maman lui a porté ces jours derniers sous prétexte qu’elle avait trop d’ouvrage, j’ai porté ton costume à une de mon quartier. Elle se trouve juste en face de la blanchisseuse. Pour ton veston seulement, elle demande 25f. Mais auparavant, elle voudrait que je le donne à nettoyer pour que les vers qui se trouvent encore à l’intérieur soient tout à fait détruits, sans quoi elle prétend qu’ils remangeront encore l’étoffe.

Pour le pantalon, elle me conseille de le porter au tailleur qui l’a fait pour qu’il mette une petite pièce devant. Elle m’a rendu le tout pour que je les fasse nettoyer. Je suis bien perplexe. Est-ce que ça vaut le peine de faire toutes ces dépenses ? Nettoyage, tailleur, stoppeuse !

J’en ai parlé à Maman qui m’a dit que c’était joliment cher. Papa qui était avec moi chez la stoppeuse prétend que pour une cinquantaine de francs, tu auras encore un bon costume. Oui, mais est-ce que cela ne fera pas rafistolage ?

J’irai chez le tailleur voir ce qu’il en pense. La stoppeuse m’a demandé 6 semaines, c’est plutôt long !

Loulou et Mme Schwab que j’ai vu hier, m’ont dit qu’elles seraient très contentes si tu leur envoyais des cartes de Bochie. Voilà la commission faite.

Sur ce, petit Loul, je vais te quitter pour aller voir ma cuisine.

En espérant que tu es toujours en bonne santé, je te quitte en t’envoyant mon petit Coco chéri mes plus tendres baisers.

Ta petite gosse qui t’adore,

Mino

 

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