Le 9 Mai 1919

Petit Loul chéri,

J’ai reçu hier soir ta mignonne lettre du 5. Voilà mon petit chéri passé facteur ! Est-ce souvent ton tour ? J’espère que non ! Ce voyage doit être fatigant. Pierre m’a prié de te demander des nouvelles de son enfant. Marche-t-il bien ? Il serait content d’avoir de ses nouvelles.

Ce pauvre Pierre n’a pas eu de chance. Il devait prendre sa permission Lundi, il s’était entendu avec son camarade. voilà que pendant son absence, le marin a tout gâché et hier soir son camarade lui a téléphoné pour lui dire d’être à 7h ce matin à Mitry. Il s’est levé à cinq heures, ainsi que Papa qui l’a conduit. Il est revenu pour déjeuner. Le marin a voulu faire du zèle, il a demandé une permission pour Pierre. Alors on lui a dit de l’envoyer passer la visite. Et de tout ça, il n’aura plus que 10 jours. C’est idiot ! Car autrement, Pierre se faisait sa permission et s’octroyait 20 jours. Il ne l’a pas encore. On doit lui envoyer.

J’ai dit à Maman pour le chocolat. Elle va te l’envoyer. Tu ne me dis pas si tu as assez de linge ? Si le temps est le même qu’ici en Bochie, tu dois avoir bien chaud avec ton costume noir !

Cette nuit, je me suis rattrapée sur la nuit dernière. J’ai dormi comme un plomb.

A part ça, rien de bien nouveau à te conter.

En espérant que tu es toujours en parfaite santé, je te quitte mon mignon Loul chéri, en t’envoyant les plus douces câlineries et les meilleurs baisers de ta petite gosse qui t’aime follement,

Mino