Le 24 Mai 1919

Mon petit Loul chéri,

J’ai reçu hier à midi ta gentille lettre du 19. Heureusement ! Car elle m’a aidée à passer l’après-midi qui a été bien mauvaise.

J’ai été chez le dentiste comme je te l’avais dit, et dame pour me sauver ma dent qui est gâtée, il est forcé de me faire du mal. Il m’a mis un pansement qui m’a fait souffrir horriblement. Toute l’après-midi, j’ai cru devenir folle. Enfin, vers le soir ça s’est un peu calmé. Pour me remettre, il m’a appris que mes dents de sagesse poussaient gâtées sous mes gencives. Aussi, je suis désolée ! Je croyais avoir très peu de chose à soigner et total, c’est tout le contraire. J’ai peur que tous ces soins me coûtent très cher ! Enfin, pendant que j’y suis, j’aime mieux me faire tout soigner que d’attendre.

L’état de me finances commence à être bien bas, mais comme il me fera tout payer ensemble et que je vais y aller encore au moins 1 mois, je pense que d’ici là, je te verrai. Je suis effrayée de l’argent que j’ai dépensé depuis que tu es parti. J’avais 150f et bien il ne me reste que 40f. A quoi ai-je dépensé ces 110f ? A rien, à des bricoles, je ne me rappelle plus lesquelles au juste. J’ai eu mes bas à payer, c’est la plus grosse somme que j’ai dépensé. Le reste, c’est du papier à lettre, des fleurs, des carnets de métro et je ne sais quoi. C’est dégoutant !

Ce que je coûte chez, mon pauvre Loul !!! Heureusement Madame Bouchet m’a dit Mercredi dernier qu’elle était en train de me vendre ma robe vieux bleu. Elle ne fera pas mal, depuis le temps qu’elle l’a ! Cela mettrait du beurre dans les épinards.

Sur ce petit chéri, je vais te quitter pour aller faire ma popote. Mon stylo ne veut toujours rien savoir.

En espérant que tu es toujours en bonne santé, je t’envoie mon tout petiot Aimé les meilleurs baisers et les plus douces câlineries de ta petite gosse qui s’ennuie beaucoup sans toi,

Mino