Bien la peine d’avoir un mari aviateur

Le 20 Mai 1919

Mon petit Loul chéri,

Ce matin, je suis partie assez précipitamment de la maison. Comme ton père allait sur les boulevards, j’ai profité de la voiture jusqu’à la place de la République. Aussi, j’ai oublié de prendre du papier à lettre, c’est ce qui fait que je t’écris sur ce papier.

20-05-19

J’ai reçu hier tantôt ta mignonne lettre du 14 qui était en retard. J’avais reçu celle du 15 le matin. J’aurais bien voulu être à la place du camarade de ton copain Marol ! Pourquoi était-il si content de reprendre contact avec le sol ? Etait-il malade ? Ou avait-il la frousse ? Dire que je n’aurai peut-être jamais la chance de monter en coucou !!! Ce n’est pas la peine d’avoir un mari aviateur !!!

Je vois d’après tes lettres que tu voles assez souvent. Cela m’ennuie. On devrait vous laisser tranquilles à présent !

Tu ne me parles plus de ma robe ? Elle doit être prête maintenant. Est-ce que tu me l’apporteras toi-même, dis petit chéri ?

Tantôt, je vais aller porter la montre de Gertrude. Depuis le temps que je l’ai, il faut tout de même que je me décide à faire la commission.

En espérant que mon mot te trouvera en bonne santé, je te quitte mon chéri aimé en t’envoyant les plus douces caresses et les plus câlins baisers de ta petite gosse qui est folle de toi,

Mino

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