Tailleur Guesdon

Le 14 Mai 1919

Mon petit Loul chéri,

Contrairement à ce que je pensais hier, je n’ai pas eu de mignonne lettre en rentrant hier soir. Ce matin non plus, aussi je suis toute triste. Je voudrais déjà être à ce soir pour voir si j’aurai plus de chance.

J’ai été ce matin chez Guesdon pour voir s’il y avait encore du tissu comme ton costume. Ils m’ont dit qu’ils allaient regarder, que je repasse un de ces jours et qu’ils me diraient combien cela coûterait. J’irai Vendredi matin, s’il n’y a rien, je remporte le costume, s’il y en a et que ça soit trop cher, je le remporte quand même. Et je ne donnerai que le veston à stopper.

guesdonC’est très grand, dans cette maison-là. Je croyais que c’était un petit tailleur !

Je t’écris sur mon nouveau papier qui est détestable. Il arrête la plume. Avec mon stylo, je ne peux pas écrire. J’ai été forcée d’avoir recours à mon vieux porte-plume. C’est charmant.

Il fait toujours très beau, même un peu chaud. Hier tantôt, j’ai été aux Galeries, j’étais littéralement cuite. Je me suis payée une petite glace pépère, au thé. Que dis-je, pas une glace, un café glacé, c’est bien meilleur. Tu vois petit Loul si je me mets bien. J’avais tellement soif, que je n’ai pu résister au désir de me payer ça.

Tantôt, nous allons chez ta tante Jeanne.

J’espère petit chéri que tu es en bonne santé et que ce retard dans la correspondance est dû à la poste. Je compte bien trouver de tes nouvelles à mon retour.

En attendant avec impatience le plaisir de te lire, je te quitte mon petit Coco chéri en t’embrassant le plus tendrement que je t’aime,

Ta petite gosse qui t’adore,

Mino

14-05-19

 

Creative Commons License