Le 11 Mai 1919

Mon petit Coco chéri,

J’ai reçu hier soir ta mignonne lettre du 7. Je suis heureuse de voir que mes lettres te parviennent assez rapidement. Tu me demandes si Madame Schwab veut des ciseaux. Justement, dans ma lettre d’hier, je t’en parlai. Madame Schwab veut des petits à broder. Loulou n’en veut pas. Gabrielle veut des grands. Je crois que tu ferais bien d’en prendre 2 paires de chaque, car ta tante Jeanne en désirait aussi. De toute façon, on en trouvera toujours le placement.

Suzanne voudrait une bouillotte comme la mienne, si possible un peu plus grande. Si tu en trouves plus grande, prends-en une aussi pour moi, je repasserai la mienne à mon père. Pauvre-Loul ! Je crois que tu seras encore bien chargé lorsque tu viendras.

Pour mes bijoux, je crois que tu n’auras pas de mal à m’acheter une bague. Madame Bouchet me les a rendus à l’exception de mes boucles d’oreilles pour lesquelles elle est en pourparler. Je n’ai pas de chance ! Ma robe vieux bleu est toujours là aussi. Enfin, c’est un petit malheur.

Hier tantôt, j’ai été me promener avec Maman. Nous avons été à pieds de la maison à la Madeleine et nous sommes revenues par l’autobus. Cela m’a fait beaucoup de bien, j’ai très bien dormi la nuit dernière.

Nous faisons toujours notre petite partie de poker le soir. Maman a toujours une déveine noire. Hier soir, elle nous a dit qu’elle ne voulait plus jouer, et ça parce qu’elle avait un beau jeu et que Pierre avait un jeu supérieur. Moi, j’ai perdu 1f50. Par contre, avant hier, j’avais gagné 2f50.

Le temps est toujours superbe ici. Ce matin, en me levant, j’ai pensé à Marcel et Madeleine qui ont dû certainement partir en moto se balader et je les enviais ! Enfin, encore un peu de patience, bientôt nous ne nous quitterons plus et nous pourrons aussi nous balader avec eux le Dimanche.

J’espère, petit Loul, que tu es toujours en bonne santé et que tu ne t’ennuies pas de trop.

Reçois de ta petite gosse qui t’aime bien tendrement de bien doux baisers,

Mino